Transition numérique : où en sont les avocats ?
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Transition numérique : où en sont les avocats ?

18/9/2023
January 12, 2024
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Sommaire

Comme pour beaucoup de professions, la pandémie récente et les périodes de confinement ont mis en avant la nécessité pour les avocats de disposer d’outils numériques facilitant leurs tâches et le travail à distance. Pourtant, les membres des 164 barreaux nationaux ne figurent pas parmi les professions juridiques les plus en avance en matière de digitalisation. Mais le retard est en train de se combler.

Une profession plutôt en retard

A la différence d’autres professions juridiques comme les notaires déjà équipés de logiciels qui font l’unanimité dans la profession, les 70 000 avocats exerçant en France1 ne possèdent pas d’outils informatiques communs. L’essence du métier, plutôt individualiste, n’a pas aidé à l’émergence de systèmes incontournables et s’il existe des entreprises de la Legal Tech proposant des outils très pointus, l’offre de solutions numériques dédiées est très éclatée. Une enquête2 de décembre 2020 laissait apparaitre que seulement 49% des avocats travaillaient avec un logiciel de gestion de cabinet, tandis que 44% d’entre eux affirmaient maintenir à jour périodiquement leur équipement informatique. De plus, l’utilisation d’outils périphériques comme la reconnaissance vocale (29% d’avocats équipés) ou un scanner (27% d’équipés) reste très minoritaire. Les taux d’équipement en outils spécifiques comme les solutions de robotisation des contrats ou d’analyse de la jurisprudence sont encore beaucoup plus faibles.

Des besoins désormais identifiés

La crise du Covid-19 avec la mise en place d’un confinement à l’hiver 2019-2020 bloquant les avocats loin de leurs cabinets et de leurs clients, a rebattu les cartes. Une étude réalisée par IFop en 2020 pour Doctrine constatait que 88% des avocats reconnaissaient que le confinement avait exacerbé les difficultés liées à l’exercice de leur métier3. Idem pour une enquête de 2021 : « Les organisations ont connu des difficultés auxquelles elles n’avaient jamais été confrontées pour passer d’un mode de crise, à un mode de réponse, puis de reprise. Aujourd’hui, alors que la reprise est toujours en cours, les organisations doivent se préparer à ce que sera la nouvelle normalité de leur profession », analysent les rapporteurs du document ‘Avocats et juristes face au futur’4.

La capacité à faire appel à la technologie pour rester performant

Cette capacité s’est accentuée alors que la pandémie a obligé les professionnels à apprendre le nomadisme en devant travailler en dehors de leurs bureaux et à utiliser des moyens d’interaction à distance pour communiquer avec leurs clients, les tribunaux et leurs collègues eux aussi confinés.

Cependant si la digitalisation est un sujet qui attise l’intérêt des avocats on s’aperçoit que le sous-équipement et le manque d’appropriation des outils est dû en grande partie à une méconnaissance des solutions et un manque de temps pour la mise en place et l’apprentissage, même si l’appréhension du changement est aussi un élément objectif.
La digitalisation est donc devenue quasiment une condition de survie pour une profession très concurrentielle, où le nombre d’avocats est en croissance constante, et parfois bousculée par de nouvelles professions à la marge de leurs domaines de compétence.
La crise sanitaire a mis en évidence le fait que les solutions technologiques étaient essentielles pour la pérennisation de nombreux cabinets et l’amélioration de leurs performances. 80% des avocats interrogés dans l’enquête Wolters Kluwer ont déclaré que leurs besoins en solutions technologiques ont augmenté à la suite de la pandémie et 63% prévoient d’accroitre leurs investissements dans ce domaine. Les avocats ont bien saisi l’avantage de continuer d’investir dans la digitalisation de leurs cabinets.

Investir dans le changement

Exploiter les technologies pour accélérer la digitalisation des cabinets d’avocats et renforcer l’expérience client est une tendance de fond. Cependant les cabinets d’avocats sont confrontés à de multiples freins et doivent faire sauter des verrous tant pour la préparation technologique (seulement 32% des cabinets s’estiment suffisamment préparés à utiliser la technologie pour être plus productifs) que pour la mise à niveau des équipes (47% des cabinets évoquent les problèmes organisationnels comme principal écueil à la digitalisation).
Cela n’empêche pas les avocats de considérer le numérique et la technologie comme des investissements fondamentaux pour conserver leur capacité à prospérer. Les besoins récurrents, qui fédèrent une forte majorité de réponses de l’enquête sont ainsi :

  • la signature électronique (81%)
  • l’automatisation de la création de documents et de contrats (78%)
  • les outils de collaboration pour la rédaction et la modification de documents et contrats (77%)
  • la gestion des flux de documents et de contrats (76%)
  • les services basés sur le cloud (75%)
  • les solutions de recherche digitale (72%)

Des éléments permettant à la fois d’optimiser l’expertise métier grâce à la dématérialisation, et de réduire grâce à la numérisation et à la mise en place d’outils d’analyse, les tâches répétitives à faible valeur ajoutée.

Anticiper les nouveaux métiers

Au-delà de la mise à niveau de leurs compétences, de nombreux cabinets d’avocats veulent tirer les leçons de la crise sanitaire qui va changer durablement leur façon de travailler, pour anticiper les étapes suivantes de leur digitalisation. Toujours selon l’enquête une enquête réalisée en 2021, 67% des avocats ont conscience que le Big Data et l’analyse prédictive auront un impact dans les trois prochaines années et plus de 60% pensent que l’intelligence artificielle et l’automatisation des processus robotisés auront un impact direct sur leur métier. Plus de 73% des avocats ont l’intuition que leurs collaborateurs continueront d’utiliser de multiples appareils pour travailler et 67% pensent prioriser les communications numériques avec les clients. La révolution - de Palais - est en marche.

Ce qu’il faut retenir !
1.  une population plutôt en retard en termes de digitalisation.
2.  des besoins identifiés destinés accroitre la performance des cabinets
3.  des investissements nécessaires considérés comme fondamentaux
4.  les nouvelles technologies vont dessiner de nouvelles compétences dans les cabinets d’avocats ;


1 Très précisément 70 073 avocats en activité. Données des tableaux de l’ordre des 164 barreaux au 1.1.2020
2 ‘Digitalisation des cabinets d’avocats’, octobre 2020 – LexisNexis
3 ’La transformation numérique de la justice et les avocats’ Ifop pour Doctrine – mai 2020
4 ‘Avocats et juristes face au futur. Au-delà de la pandémie’ - Enquête 2021 Wolters Kluwer

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