Juridique

Précisions sur les frais bancaires de succession

minutes
28/11/2025
Sommaire
Partager l’article

Les frais facturés par les banques lors du règlement d’une succession font l’objet d’un encadrement renforcé. Depuis le 13 novembre 2023, et désormais avec les précisions apportées par le décret n°2025-813 du 13 août 2025, leur suppression totale est possible dans plusieurs situations, et lorsqu’ils restent applicables, ils sont plafonnés à 1 %, dans la limite de 850 €.

Pour les héritiers, ces nouvelles règles représentent un allègement significatif et une meilleure lisibilité des coûts imputés au moment du décès.

Réduction et encadrement des frais bancaires de succession : ce qui change

Depuis les dernières évolutions réglementaires, les banques ne peuvent plus appliquer librement des frais de succession.

Deux principes majeurs s’imposent :

  • La suppression totale des frais, lorsque certaines conditions sont réunies.
  • Le plafonnement, dans les autres cas, à 1 % du montant des avoirs, avec un maximum de 850 €, montant revalorisé chaque année.

Cette réforme s’inscrit dans une volonté d’harmoniser les pratiques bancaires et de mieux protéger les héritiers, notamment dans les successions simples ou comprenant des montants modestes.

Suppression totale des frais : conditions applicables

Les frais bancaires liés au traitement de la succession sont entièrement supprimés dans les situations suivantes :

  • Décès d’une personne mineure

Lorsque le titulaire des comptes était mineur au moment du décès, la banque ne peut prélever aucun frais de succession.

  • Avoirs totaux inférieurs à 5 190 €

Si l’ensemble des comptes et produits d’épargne détenus par le défunt ne dépasse pas 5 190 €, la succession est automatiquement exonérée de frais.

Ce seuil permet de préserver les patrimoines modestes.

  • Succession simple attestée par les héritiers ou par acte de notoriété

La gratuité s’applique également lorsque : les héritiers produisent un acte de notoriété ou une attestation signée par l’ensemble d’entre eux, et que la succession ne présente aucune complexité manifeste.

C’est précisément cette notion de complexité qui a été clarifiée en 2025.

Complexité manifeste : une définition désormais stricte et limitative

Jusqu’à la publication du décret du 13 août 2025, l’appréciation de la « complexité manifeste » était largement laissée à la discrétion des établissements bancaires.
Le décret n°2025-813 fixe désormais une liste exhaustive des situations dans lesquelles une succession peut être considérée comme complexe.

La complexité manifeste est reconnue uniquement dans les cas suivants :

  • Absence d’héritiers du 1° de l’article 734 du Code civil : cela correspond notamment aux successions où il n’existe ni enfants, ni parents proches de premier ordre.
  • Présence d’un crédit immobilier en cours : un emprunt en cours au moment du décès entraîne des opérations spécifiques, justifiant une succession complexe.
  • Existence d’un ou plusieurs comptes professionnels : les comptes utilisés dans le cadre d’une activité professionnelle (entrepreneur individuel par exemple) relèvent d’un traitement particulier.
  • Comptes ou produits d’épargne grevés de sûretés : par exemple en cas de nantissement ou d’autres garanties attachées aux comptes.
  • Éléments d’extranéité : cela concerne notamment : un défunt ou un héritier ayant son domicile fiscal ou sa résidence habituelle à l’étranger, ou encore l’application partielle ou totale d’une loi étrangère.

En dehors de ces cas précis, aucune complexité manifeste ne peut être retenue.
Les banques ne peuvent donc plus invoquer librement cette notion pour justifier des frais élevés.

Plafonnement des frais : 1% dans la limite de 850€

Lorsque la succession n'entre pas dans les critères de suppression totale, les frais bancaires sont plafonnés selon les règles suivantes :

  • 1% du montant global des comptes et produits d’épargne,
  • avec un maximum de 850€,
  • montant appelé à être revalorisé chaque année.

Ce plafonnement met fin aux pratiques très disparates observées jusqu’alors d’un établissement à l’autre.

Comptes concernés et comptes exclus

Pour éviter toute confusion, la réglementation précise les types de comptes pris en compte dans le calcul des frais.

Comptes et produits concernés

  • Comptes de dépôt
  • Comptes sur livret
  • Livret A
  • LEP
  • LDDS
  • Livret Jeune
  • PEP

Comptes et produits exclus

Ne sont notamment pas concernés par le dispositif :

  • Le PEAC (Plan d’Épargne Avenir Climat)
  • Les comptes PME Innovation

Ces produits ne sont donc pas pris en compte ni pour la suppression, ni pour le plafonnement.

Sources : Loi n° 2025-415 du 13 mai 2025 et décret n° 2025-813 du 13 août 2025.

No items found.

Contactez-nous