
Derrière les portes de l’étude notariale d’Excideuil, deux siècles d’histoire rencontrent un notariat moderne. Maître Renaud Schneider L'Official y exerce son métier avec engagement, attentif à ce que la technologie reste au service de l’humain. Il raconte comment son métier de notaire évolue, sans jamais perdre son essence.
Je suis entré dans le notariat en 2012, d’abord comme clerc habilité, puis notaire salarié, avant de devenir associé en 2023 dans l’étude notariale d’Excideuil. À l’université, j’ai découvert le droit de la famille — successions, divorces, accompagnement des personnes — et ça m’a tout de suite plu. Ce que j’aime dans ce métier, c’est la diversité : aucun dossier ne se ressemble, chaque situation est unique. C’est intellectuellement stimulant, et surtout, on se sent utile. Je ne viens pas d’une famille de notaires, j’ai eu un vrai coup de cœur pour ce métier où la technique juridique rencontre la psychologie.
C’est une étude historique : nous avons des minutes qui datent du début des années 1800. Elle est implantée au cœur du Périgord vert, dans une zone à la fois rurale et très vivante, à 40 km de Périgueux. Mon associée y travaillait déjà en 2008. Elle a racheté l’étude en 2016, je l’ai rejointe et nous sommes devenus associés en 2023. Nous avons grandi progressivement, en gardant une vraie proximité avec les clients. Notre activité est très marquée par le droit de la famille (environ 70 % de notre activité) et le droit immobilier (30 %). Nous traitons aussi beaucoup de dossiers à dimension internationale : de nombreux clients étrangers — Anglais, Hollandais, Belges, Américains — tombent amoureux du Périgord et s’y installent. Depuis quelques années, on voit d’ailleurs revenir beaucoup d’Américains, souvent en quête d’un cadre de vie plus paisible.
Sur le plan pratique, la transformation est spectaculaire. J’ai connu les débuts de Genapi et d’Inot, la transition vers l’acte électronique, les nouveaux logiciels métiers, puis aujourd’hui Kivia et l’Intelligence Artificielle. Le Covid a accéléré les usages : la visio, la signature à distance… il a fallu s’adapter vite. Heureusement, nous avons été bien accompagnés — Genapi a su évoluer aussi, dans le respect du cadre légal, ce qui est essentiel dans notre profession.
Et puis, sur le plan humain, il y a eu un vrai tournant. Les clients sont plus exigeants, plus instantanés. Il faut leur rappeler qu’il existe un temps juridique, celui de la réflexion et de la vérification. Aujourd’hui, certains arrivent en rendez-vous avec des “ChatGPT m’a dit que…”. (rires)
Ces outils sont utiles, bien sûr, mais notre valeur ajoutée, c’est de faire le tri, d’analyser, d’avoir une vision d’ensemble. Internet ne remplace pas le discernement humain.
Oui, tout à fait. Mon associée est présidente de la médiation des notaires auprès de la Cour d’appel de Bordeaux : elle intervient sur des dossiers que le tribunal nous confie, pour tenter de trouver des issues amiables. De mon côté, je me suis spécialisé dans la protection des personnes vulnérables, ce que l’on appelle le Not’isme. J’accompagne les familles, les aidants, les personnes en situation de handicap, pour organiser la protection et la transmission de leur patrimoine.
C’est un sujet qui me tient particulièrement à cœur, mon épouse et moi ayant un extraordinaire p’tit gars, porteur de handicap : notre rôle est aussi d’apporter des solutions concrètes et sécurisées à tous, sans exclusion. Une véritable mission de service public.
Complètement. Le notariat d’aujourd’hui, c’est une profession en mouvement. On ne peut pas rester sur ses acquis : les technologies évoluent, les attentes des clients aussi. Notre métier change, mais notre rôle reste le même : accompagner. Tant qu’on garde du sens, c’est-à-dire l’humain au centre, les outils deviennent de vrais alliés. Par exemple, le passage au Cloud a été une vraie réussite pour nous. Grâce aux conseils de notre interlocuteur commercial Antoine Sandrin, et à la mise en place assurée par les techniciens, tout s’est déroulé très sereinement. Aujourd’hui, on a plus de sécurité, plus de souplesse… et on se prépare à l’arrivée de Kivia dans notre étude, prévue pour janvier, qu’on attend un peu comme un cadeau de Noël ! (sourire)
Oui, lors du 121ᵉ Congrès à Montpellier, j’ai visité le siège et rencontré les équipes derrière les logiciels. C’est intéressant de voir tous les visages derrière les outils que l’on utilise au quotidien : techniciens, conseillers, les personnes qui coordonnent tout cela... Sur le stand, nous avons découvert le nouveau simulateur de déclaration de succession et l’intégration de l’Intelligence Artificielle. Ce qui m’a marqué, c’est à quel point ces innovations illustrent l’évolution du métier de notaire, pensées pour nous, dans le respect du cadre juridique. On sent aussi que cela a été pensé et conçu par des notaires. C’est simple, rapide, intelligent et surtout, ça nous libère du temps pour ce qui compte vraiment : accompagner nos clients, répondre à leurs questions, apporter notre expertise.
Ces outils enlèvent les tâches chronophages, toutes ces manipulations répétitives, les recherches, la saisie de numéros de compte… Ce qui prenait du temps aux collaborateurs et ne créait pas de valeur ajoutée, peut maintenant être centralisé et automatisé. C’est un bel exemple de l’évolution du métier de notaire, qui permet désormais aux collaborateurs de se concentrer sur le cœur de leur travail, répondre aux clients et valoriser pleinement leurs compétences. C’est aussi une logique économique : quand le travail est plus efficace, on peut garder et attirer des talents. L’IA n’est pas là pour remplacer quelqu’un, mais pour supprimer les tâches inutiles, laisser l’humain décider, trier l’information et apporter notre véritable valeur : l’expertise.
L’avenir sera forcément connecté, mais il doit rester humain. Le Cloud, l’Intelligence Artificielle, la dématérialisation… tout cela va devenir la norme. Mais notre métier, lui, ne changera pas dans son essence : écouter, comprendre, conseiller. Dans cette évolution du métier de notaire, ce qui compte, ce n’est pas la technologie en soi, mais ce qu’on en fait, et la façon dont elle nous permet de mieux servir nos clients.